Cœur-de-chêne
Herbaliste /Energéticien /Sylvothérapeute

La carotte sauvage, Une simple parmis les simples

28 Fév 2023 Cœur-de-chêne

Après l’achillée voici une autre prêtresse. Bien plus féminine cette fois :
Daucus carota, la carotte sauvage.

Ce n’est pas une astéracée, c’est une apiacée, que l’œil non averti pourrait confondre avec notre « plante du guerrier » dont je vous parlais tantôt.

Pourtant, si elle ressemble à l’achillée, ce n’est que de par sa silhouette et ses couleurs. Lorsqu’on la regarde avec attention et qu’on prend le temps d’écouter ses secrets, « L’herbe des sœurs » nous dévoile un tout autre monde que celui de sa compagne champêtre !
 

L’herbe des sœurs ?

Eh oui ! Si c’est bel et bien une prêtresse, si elle s’inscrit dans les grandes plantes féminines qui guérissent sous la tutelle de Vénus, elle n’est pas guerrière comme l’achillée, n’est pas aussi mystique et mystérieuse que l’alchémille, aussi vagabonde et gourmande que le framboisier ou aussi sensuelle que le trèfle.
Elle est par contre, comme ce dernier, discrète !

La carotte sauvage est une simple parmi les simples. Une « hildegardienne » par essence, pieuse et humble, dont la foi est la force. Blanche d’un blanc cassé, petite, se suffisant de sols sablonneux, drainés… d’un peu d’eau en carême, finalement. 

Parfois, elle arbore une fleur noire ou d’un bordeaux extrêmement foncé : c’est son voile, symbole de son allégeance intime aux mystères.

Autre aspect qu’on prête volontiers aux nonnes : le vœu de chasteté et le dévouement à Dieu. Ce qui implique qu’elle ne prenne pas de mari ni n’ait d’enfant. Alors, certes c’est un peu extrême. Mais si je vous parle de cet aspect, c’est parce qu’il m’a permis de mettre de la compréhension sur l’un de ses usages supposés: comme contraceptive !

ATTENTION, je vais nuancer ce point ! Ne le prenez pas pour acquis.

(Pour des compléments plus poussés sur son usage dans ce cadre précis, je ne peux que vous renvoyer à l’excellent article de Christophe Bernard qui renvoie lui-même à l’expérience de Robin Rose Bennett : https://www.altheaprovence.com/?s=daucus+carota)

Je fais le même rappel et constat que lui : je n’ai aucune expérience dans les plantes que l’on pourrait considérer comme contraceptives, et si j’ai quelques frêles connaissances sur le sujet, c’est sur le plan ethnobotanique : c’est-à-dire « qu’on m’a dit que  telle ou telle plante était utilisée de telle manière » et que tout au long de mon parcours, j’ai recueilli de petits témoignages d’usages de ci, de là qui n’ont pour intérêt premier que de souligner un usage populaire, parfois (voire souvent) imparfait et des croyances (fondées ou non) ou superstitions.

Mais, sur cette base-là, il est possible de constater qu’à l’instar d’autres plantes, on retrouve la carotte sauvage dans l’accompagnement autour des femmes et de la possibilité ou non de donner la vie : des plantes pour stimuler la fertilité, des plantes pour aider et/ou réguler les cycles, des plantes pour aider lors de la grossesse, des plantes pour aider les accoucheuses, les parturientes, les sages-femmes, des plantes pour avorter et des plantes pour empêcher de tomber enceinte…

Aujourd’hui, pour ce qui est de la contraception et de l’avortement, on se tournera évidemment vers la thérapeutique que nous connaissons et qui est, ma foi, beaucoup plus fiable, bien moins risquée et hasardeuse. En somme, adressez-vous au médecin et au planning familial dans ce genre de situation : je déconseille vivement l’usage des seules plantes pour la contraception et à fortiori pour l’avortement ! Et bien entendu, à plus forte raison, sans être suivis et soutenus par un professionnel de la santé voir, dans le cas de l’avortement, d’un psychologue.

Une plante de foi ou du foie ?

Vous l’aurez compris, j’aime aussi sonder de façon romanesque les secrets du monde végétal. Et mon petit doigt à l’imagination débordante me souffle souvent ses idées farfelues pour que je les décortique et les explore !

Alors, forcément, lorsqu’il m’a parlé de la pieuse carotte sauvage, je n’ai pu m’empêcher de faire le lien entre sa foi et mon foie. Et devinez quoi ? En cherchant à vérifier cette intuition tirée par les poils de nez, j’ai trouvé une indication qui donne raison à mon petit doigt !

Son huile essentielle est réputée « hépato-régénérante » et hépato-protectrice (1). On la conseille par exemple lors des suites d’une cirrhose ou encore d’hépatites. Lors des suites ? Oui, car la carotte sauvage est surtout une bonne régénératrice plus qu’une plante à proposer en « attaque ».

Son caractère protecteur reste intéressant lors de la « phase d’attaque » et fait d’elle une superbe auxiliaire d’autres plantes plus fortes (en médecine chinoise, les synergies sont composées d’une plante principale, dite « empereur », et d’autres plantes secondaires, dites « ministres », qui soutiennent l’action de l’empereur : la carotte est une ministre !).

Elle est aussi gastro-protecteur, ce qui, dans le cas de la cirrhose, est intéressant aussi, étant donné que la sphère gastrique elle aussi subit les dégâts liés à l’alcool (2). Traditionnellement, on l’utilisait pour prévenir et soigner les ulcères et on rapporte aussi dans certaines études son efficacité contre les bactéries (observé sur Escherichia coli et Staphylococcus aureus) (3). Pour ce qui est du staphylocoque doré, je ne peux rien en dire et je pense qu’extrapoler en la considérant comme une solution à une infection par cette bactérie est exagéré au vu de l’antibio-résistance qu’on lui connait aujourd’hui.

 

Du foie à la peau : Quelles sont les autres vertus de la carotte sauvage ?

Il n’échappe pas aux plus renseignés d’entre vous qu’existe un lien puissant entre foie et peau.
Souvent lorsque la peau est affectée de pathologies, il est sous-jacent que le foie lui aussi souffre.

Là encore la carotte a son rôle à jouer : On dit d’elle qu’elle est dermato-régénérante et donc fort à propos en application locale sur les éventuels problèmes de peau type « eczéma », « psoriasis » ou « dyshidrose » : la nonne au grand cœur sait panser les plaies et elle grandit dans des sols souvent pauvres, acides et perturbés. C’est donc, là encore, une indication, que dis-je, une signature qui met en lumière sa capacité à prendre soin des affections liées à ce genre de terrain. Là où elle pousse, le sol se répare en surface et devient plus vert.

Si elle n’hésite pas à s’installer dans des sols humides, elle a une préférence pour les sols bien drainés et par conséquent qui ne retiennent pas l’humidité. Quoi ? Que me dis-tu petit doigt ?

Eh oui ! Un point bonus pour son usage lors des pathologies de type dyshidrose ! Elle assèche les problèmes de peau suppurants et « humides » ! Si elle n’est pas à proprement parler vulnéraire, elle permet aux cellules de la peau de se régénérer et ses tanins assèchent les plaies.

Pour continuer dans le "digestif", la carotte sauvage étant de la famille des apiacées, on lui retrouve des vertus intéressantes pour notre flore intestinale et nos intestins: elle est notamment à même de par ses propriétés antibactériennes et antifongiques d'empêcher les fermentations causées par une surprolifération des uns et des autres.

Diurétique et anti-inflammatoire, on la positionne aussi pour les problèmes articulaires, puisqu'elle permet, par exemple, de faire face aux troubles de "la goutte". Elle est aussi indiquée pour la rétension d'eau ou les œdèmes.

Mais alors, ne serait-ce pas une plante miracle ?

Eh bien non. Vous en connaissez-vous, des plantes miracle ? Qui feraient repousser le foie et guériraient les plaies des grands brûlés ?

Non, la carotte sauvage n’opère pas à elle seule de miracle extraordinaire et c’est aussi là la force de son énergie : elle est la pieuse qui prie inlassablement sans n’avoir jamais de certitudes ; elle a et est la foi (donc, finalement, elle fait repousser LA foi).

Pragmatiquement, si son action est belle et bien tangible, elle a ses limites, c’est certain. Et à moins de la proposer en association avec d’autres plantes (lavande, consoude, achillée, plantain, géranium rosat et j’en passe) et de se dédier à son emploi avec autant de ferveur qu’elle, difficile d’en attendre des résultats spectaculaires.

Je ne l’ai encore jamais positionnée autrement qu’en application pour les problèmes de peau, mais je la considère comme une plante auxiliaire et si je devais l’employer, elle servirait à renforcer l’action des « plantes  cœurs » de mon mélange : avec de la bruyère pour les infections urinaires, avec du frêne ou de la reine des prés pour les problèmes articulaires, avec de la mélisse, du basilic ou une autre apiacée pour la sphère intestinale…

Finalement, c’est à la fois sa force et sa faiblesse : la simple parmi les simples est discrète et subtile et ne crie pas sur tous les toits ses pouvoirs de guérisseuse. Il faut les découvrir, au détour d’un secret.

Et vous, la carotte sauvage ? Qu’est-ce qu’elle vous inspire ? Quel usage en faites-vous ?

 

Sources & ressources (sont sur un bateau):

(1) Shebaby, Wassim N., Costantine F. Daher, Mirvat El-Sibai, Kikki Bodman-Smith, Anthony Mansour, Marc C. Karam, et Mohamad Mroueh. « Antioxidant and Hepatoprotective Activities of the Oil Fractions from Wild Carrot (Daucus Carota Ssp. Carota) ». Pharmaceutical Biology 53, no 9 (2015): 1285‑94. https://doi.org/10.3109/13880209.2014.976349. Lien : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25856705/

(2) Asdaq, Syed Mohammed Basheeruddin, Earla Swathi, Sunil S. Dhamanigi, Mohammed Asad, Yahya Ali Mohzari, Ahmed A. Alrashed, Abdulrahman S. Alotaibi, Batool Mohammed Alhassan, et Sreeharsha Nagaraja. « Role of Daucus Carota in Enhancing Antiulcer Profile of Pantoprazole in Experimental Animals ». Molecules (Basel, Switzerland) 25, no 22 (13 novembre 2020): 5287. https://doi.org/10.3390/molecules25225287. Lien : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33202703/e ici

(3) Badalamenti, Natale, Aurora Modica, Vincenzo Ilardi, Maurizio Bruno, Viviana Maresca, Anna Zanfardino, Michela Di Napoli, Giusy Castagliuolo, Mario Varcamonti, et Adriana Basile. « Daucus Carota Subsp. Maximus (Desf.) Ball from Pantelleria, Sicily (Italy): Isolation of Essential Oils and Evaluation of Their Bioactivity ». Natural Product Research 36, no 22 (novembre 2022): 5842‑47. https://doi.org/10.1080/14786419.2021.2018588. Lien : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34927490/
 

- fiche de plante le chemin de la nature: https://www.lechemindelanature.com/2017/08/25/video-la-carotte-sauvage/
 

- article "carote sauvage" sur althea provence: https://www.altheaprovence.com/carotte-sauvage-serait-ce-un-contraceptif-naturel/
 


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